
« Je suis toujours à l’écoute de ce qui se fait dans le monde mais je n’oublies pas Rennes pour autant. » Jean-Louis Brossard, patron des Trans Musicales de Rennes. (©Richard Dumas)
Pas de nostalgie. Quelques clins d’oeil. Et toujours la même soif de découverte. Pour la quarantième édition du festival Trans Musicales de Rennes, qui se tient du 5 au 9 décembre à Rennes, Jean-Louis Brossard n’est pas fatigué.
Le créateur du festival originaire de Saint-Brieuc se souvient de la première édition mais veut surtout penser à l’avenir et au public toujours fidèle au rendez-vous.
Comment se sent-on au démarrage d’une quarantième édition des Trans Musicales ?
Très bien, je suis très excité. J’ai envie qu’on y soit. Ça va être une bonne petite semaine en effet.
Pour la 40e, vous n’êtes pas dans l’hommage, mais toujours dans la recherche en fait ?
Tout à fait. On avait marqué les 10 ans et les 25 ans en faisant revenir des artistes qui avaient marqué le festival. Bon j’aurai quand même une invitée cette année qui jouera avec un groupe. Ce sera ma petite surprise personnelle. Pour le reste ce ne sont que des nouveaux artistes.
Parmi les groupes, il y a plusieurs groupes issus de la musique traditionnelle bretonne, pourquoi ce choix ?
On ne peut pas dire que c’est uniquement traditionnel. Même si ce sont des gens qui font des fest noz.
Ce sont d’abord des musiques qui m’ont touché.
C’est le cas cette année avec les groupes Fleuves et Natha big band. Je les ai découvert dans le jury Produit en Bretagne où je me retrouve avec des gens des festivals plus traditionnels et c’est ce qui est bien.
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On aura aussi beaucoup de musique venue d’Afrique pourquoi ?
Il se passe plein de choses là bas, plein de nouvelles musiques. Depuis quelques années, ils se sont intéressés aux musiques électroniques, ça a changé les façons de voir les choses et la façon de faire de la musique.
Beaucoup collaborent aussi avec des musiciens européens. Il y a par exemple Pongo qui travaille avec des gens de Nantes ou encore Muthoni Drummer Queen qui travaille avec des musiciens suisses, ça donne des passerelles, des rencontres, c’est vraiment ce que l’on appelle la sono mondiale et non pas la world music.
C’est aussi ça l’esprit des Trans, une rencontre des musiques ?
Oui moi je m’intéresse beaucoup à ce qui se passe dans le monde. J’ai un groupe Arménien cette année, j’en suis ravi. Il y a aussi des groupes chiliens, vénézuéliens. C’est super. Mais il y a aussi des rennais.
C’est aussi ça l’esprit des Trans, car tu peux t’intéresser à ce qui se passe au Japon, mais il ne faut pas oublier les bases.
Vous dites souvent que dès la première chanson vous êtes conquis pas le groupe ou pas. Pourquoi ?
Je travaille beaucoup à l’instinct. C’est mon oreille qui me guide. Un morceau peut parfois me donner envie de programmer un groupe car c’est ce qui me touche, ce qui donne la différence.
Après, j’en écoute plus. Je vais les voir dans des festivals le plus souvent.
Avez vous toujours des idées pour programmer d’une année sur l’autre ?
Dès la fin des Trans, je prépare mon déplacement à l’Eurosonic festival dans le nord de la Hollande. Là jouent 450 groupes. Ça donne des tendances. Après en février, mars, j’ai un petit coup de grisou. Mais on repart vite.
De toutes ces éditions des Trans que gardez vous ?
Des rencontres, beaucoup, des amitiés fortes mais jamais de copinage. Je ne me sens pas obligé pour la programmation de groupes et d’artistes.
Je fais rarement revenir des artistes, ça n’est arrivé qu’avec Stromae ou Daft punk sur des projets très précis.
Qu’est-ce qu’attend le public des Trans ?
C’est la découverte. Nous sommes l’un des rares festivals à proposer une programmation à 80 % inconnue. C’est notre particularité avec le fait que nous soyons dans la ville. Le public des Trans veut vraiment découvrir.
Que vous reste-t-il comme souvenir de la première édition ?
Je me souviens bien sûr du concert de Marquis de Sade qui était extraordinaire. Et je me souviens d’un groupe qui s’appelait Excès de zèle, c’était l’un des derniers groupes à jouer, salle de la cité. Le rideau était baissé mais le chanteur ne pouvait plus monter sur scène. Il buvait des litres d’eau, il criait, je ne peux pas y aller. A un moment, on a ouvert le rideau et avec un pote on l’a balancé sur scène, il a pris le micro et ça l’a fait très bien. C’était rigolo.
Reste-t-il encore aujourd’hui des moments invraisemblables comme ceux-là ?
Les choses surréalistes on les verra dans la musique cette année avec de véritables ovnis musicaux comme Vurro d’Espagne, the Naghash ensemble d’Arménie. Vous allez être surpris.
Infos pratiques :
40e Transmusicales de Rennes, du mercredi 5 au dimanche 9 décembre, à Rennes. Tous les renseignements sur le site Internet des Trans.