« Ici, nous considérons que le fond compte beaucoup plus que la forme. » (©Le Journal d’Elbeuf)
Jeudi 17 janvier 2019, de nombreuses personnalités locales étaient rassemblées à l’espace Franklin d’Elbeuf pour les vœux aux associations et aux corps constitués, un nom un peu barbare auquel Djoudé Merabet a préféré « corps intermédiaires ». « Autant d’acteurs dont la parole n’est plus jugée utile depuis plusieurs mois au niveau national. Et je regrette que ce dialogue-là ait été rompu. Car, oui, il a été rompu, a déclaré le maire d’Elbeuf. On en mesure aujourd’hui les conséquences. On redécouvre, dans la précipitation, des vertus qu’on a snobées au Congrès des maires, dans la discussion avec les syndicats, avec le tissu associatif ».
Contrairement à son collègue saint-aubinois, Djoudé Merabet n’a pas pu « faire un discours sans évoquer le contexte national et ses conséquences au local ».
S’il n’a jamais pensé qu’il est tolérable que des revendications puissent se muer en violences ou qu’elles aient pour but de remettre en cause une élection, il a admis qu’« un certain nombre de demandes actuelles de nos concitoyens sont légitimes […] Et il n’y a pas lieu de les opposer à cet enjeu fondamental et même vital qu’est l’urgence de la transition écologique ».
Après avoir lu, avec attention, la lettre du Président adressée aux Français et découvert les questions posées à l’occasion de l’organisation du débat national, il a estimé, en tant que citoyen, qu’il est « toujours utile qu’il y ait des débats constructifs qui amènent chacun à participer à la réflexion sur l’action publique ».
Mais il s’est aussi interrogé, à haute voix, sur « l’orientation de certaines questions et notamment lorsque la formulation peut laisser entendre une remise en cause des services publics et de notre modèle social ; c’est-à-dire ce qui fait la cohésion de notre société française ».
« Les interrogations liées aux orientations prises par le gouvernement sont nombreuses, mais c’est en général aux élus locaux qu’on les pose. »
Ce qui va à l’encontre de ce que qu’il a pu lire dans les cahiers de doléances. « Les interrogations liées aux orientations prises par le gouvernement sont nombreuses, mais c’est en général aux élus locaux qu’on les pose. C’est pourquoi, à la question du Président de la République : Faut-il renforcer la décentralisation ? Je réponds oui. Oui, en donnant les moyens aux collectivités de mener des politiques publiques au plus près des habitants et qui répondent à leurs préoccupations. Et parmi ces préoccupations, celle liées au pouvoir d’achat est sans doute la plus prégnante dans les débats actuels. Et, lors du premier débat, il n’y a pas répondu. Nous attendons donc. »
« Notre trajectoire financière est vertueuse »
Après avoir précisé que les taux communaux d’imposition n’évolueront pas et seront identiques à ceux votés depuis 2001, il a alors passé en revue les réalisations locales à venir, en mettant en avant la bonne gestion communale, soulignée par le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes : « Notre trajectoire financière est vertueuse […]. Nous ne sommes pas des maires dispendieux. Nous sommes des élus responsables qui attendent qu’on leur garantisse des ressources dynamiques. »
Avant d’adresser ses vœux à tous et d’avoir une pensée pour Kamel Lahsinat et claude Vochelet, deux hommes porteurs de valeurs humanistes récemment décédés, dont il s’est déclaré « fier d’en être un héritier », le maire d’Elbeuf a lancé un message : « Une ville citoyenne, c’est une ville qui donne toute sa place aux habitants, toute leur place aux voix de celles et ceux qui y vivent au quotidien. À Elbeuf, depuis des années, nous menons de grands débats locaux. Et cela, tous les jours. Pas uniquement quand la maison France s’enflamme à force de division et de rupture du pacte social. Ici, nous considérons que le fond compte beaucoup plus que la forme. »
L’assistance. (©Le Journal d’Elbeuf)