« La bave du crapaud n’empêche pas la caravane de passer », d’après les Tontons Flingueurs. Les terrains inondables n’empêchent pas non plus les caravanes des gens du voyage de s’y implanter : dimanche 28 juin au Tréport (Seine-Maritime), près de cent vingt habitations mobiles se sont installées route d’Eu, aux abords des locaux d’Albéa.
« Le terrain (qui appartient au baron Bich, créateur du célèbre stylo à bille) se trouve près du marais de Sainte-Croix », détaille Laurent Jacques, vice-président de la commission développement économique à la mairie du Tréport. De nombreux petits ruisseaux passent sur tout le terrain, ce qui accroît les risques d’inondation en cas de pluie. »
Un pis-aller de cinq hectares près d’Albéa
Un terrain propice, les caravaniers en ont fait la demande à la mairie dès janvier 2015 (depuis la loi Besson de 1990, les villes de plus de cinq mille habitants doivent prévoir un emplacement pour les nomades). Seulement, le terrain communal prévu, de deux hectares, ne donne accès ni à l’eau, ni à l’électricité.
« Ils ont donc déplacé les blocs de béton qui entouraient les cinq hectares de verdure à l’aide d’un bras de grue et se sont installés », continue M. Jacques, « puis ils ont fait passer des câbles sous la chaussée pour se brancher au réseau de la ville d’Eu (rue Demenitroux). »
La gendarmerie tréportaise, qui a dépêché des hommes sur le site dimanche, constate les faits suivants : « Ils n’ont eu l’accord ni de la mairie, ni du propriétaire. S’il y a des dégradations, toutes les plaintes sont recevables. »
La présence des nomades est devenue un phénomène coutumier pour les riverains. La gendarmerie certifie que ces itinérants « savent très bien ce qu’ils font. On peut leur faire confiance. Ces voyages sont prévus longtemps à l’avance. »
Du Calvados au Loiret : les gens du voyage « sur la route »
L’installation d’un grand chapiteau sur le terrain est ainsi prévue ce mardi 30 juin. Il accueillera les prêches de plusieurs pasteurs évangélistes. L’un d’eux, M. Ziegler, est venu avec sa femme et ses trois enfants. Il accuse les médias et les sédentaires de dresser un portrait souvent péjoratif des gens du voyage :
« Vous appelez trop souvent ça (les caravanes) un camp. Si c’était des sédentaires, vous auriez appelé cela un camping. »
Ici et là, on aperçoit des enfants faire trempette dans une piscine gonflable. Une famille mange des frites faites maison sur une table de camping. Une femme étend son linge sur un tancarville.
« Pendant l’hiver, on habite à Vire (Calvados) », continue M. Ziegler. Fin mai, les enfants arrêtent l’école, et on part sur la route. Comme quand vous partez en vacances. On est là pour donner aux gens la parole de Dieu. On se réunit dans le Loiret fin juillet. »
Un rassemblement religieux qui, sous le nom de Vie et Lumière (association cultuelle principalement tzigane) rassemble jusqu’à trente mille personnes.