
Les usagers demandent la création d’une antenne de sûreté ferroviaire sur l’axe Paris-Provins
« Allez, c’est reparti pour être le même bordel dans le même compartiment du 17 h 46 Paris Est-Provins. Comme ils n’ont pas vu les agents de médiation, ça a commencé à parler fort et ça prévoit de fumer. Ne peut-on rien faire contre eux ? Je ne vais tout de même pas changer de place pour qu’ils fument tranquillement… »
Ce genre de message, ce n’est pas ce qui manque lorsque l’on se promène sur la page Facebook du Collectif des usagers de la ligne P Paris-Provins. Mais si cet espace sert parfois d’exutoire, il est surtout devenu un véritable relais d’information pour toutes les personnes qui empruntent la ligne.
Fin février, un appel à témoins y a par exemple été lancé après l’agression sexuelle d’une jeune fille dans un train*. Un incident qui faisait suite à un autre, à caractère raciste cette fois, survenu deux jours plus tôt. La goûte d’eau qui a fait déborder le vase des membres du collectif des usagers.
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Le 5 mars, ils ont décidé d’adresser un courrier à la SNCF : « Bagarres dans le train, attouchements, harcèlement, agressions verbales… sont venus rythmer nos voyages, écrivent-ils. Des personnes sèment le désordre dans les trains, se montrent de plus en plus dangereuses et menaçantes, et sévissent même dans les bus de substitution sans être inquiétées ! »
La mère d’une des filles agressées témoigne : « On ne se sent plus en sécurité. J’ai reçu un nombre important de témoignages de femmes à qui c’est aussi arrivé sur la même ligne… »
« On ne sera jamais dans tous les trains »
Le collectif demande donc la création d’une antenne de sûreté ferroviaire (Suge) sur l’axe Paris-Provins, une revendication formulée depuis plusieurs années déjà car l’antenne la plus proche se trouve à Gretz-Armainvilliers (RER E) : « On voit la Suge sur le quai, mais pas dans les trains, observe Nathalie, représentante du collectif. Il devrait y avoir des agents basés, soit en gare de Verneuil-l’Étang, soit en gare de Longueville. Leur présence et leur temps d’intervention s’en trouveraient améliorés. »
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Contactée, la SNCF assure que des agents de la sûreté patrouillent bien sur l’axe Paris-Provins « en uniforme ou en civil », mais admet « qu’ils ne pourront jamais être dans tous les trains ». « Créer une antenne sur la ligne serait l’idéal, mais ça ne se fait pas comme ça, poursuit l’entreprise. Il faut des moyens et le contexte actuel est plutôt à la diminution des effectifs. »
Reste que certains usagers ont l’impression d’être délaissés par rapport au nord de la ligne P et l’axe Paris Est-Château-Thierry, où la SNCF a lancé début février un plan d’actions avec davantage de contrôles et de personnels, notamment contre les fumeurs : « On ne déshabille pas Provins pour rhabiller le nord, répond la société, qui précise accompagner systématiquement les victimes d’agression jusqu’au procès s’il y a lieu. On remarque simplement que sur le sud de la ligne, les incivilités observées n’ont rien à voir avec ce que connaît le nord, où les gens sont moins sensibles à la répression. »
Nul doute que le sujet sera à l’ordre du jour du prochain comité territorial de la SNCF, prévu le 28 mars.
*L’agresseur, auteur de harcèlement et d’attouchements sexuels, a été arrêté et placé en hôpital psychiatrique où il avait déjà séjourné.