
Thierry James a racheté l’entreprise Chalufour en 2003 et s’est installé à Argentan. (©Le Journal de l’Orne)
Créée en 1980 à Carrouges, l’entreprise de menuiserie Marc Chalufour, s’est depuis bien installée dans le pays d’Argentan.
Aujourd’hui, en 2018, dirigé par Thierry James, l’établissement s’est spécialisé dans des domaines très précis, et notamment religieux. Le directeur résume l’action de Chalufour comme étant du « réaménagement spirituel des édifices religieux ».
Cathédrales et appartements
Un domaine à part qui ne compte que très peu de spécialistes en France. Conséquence, l’entreprise grâce à des rencontres déterminantes avec de nombreux architectes, a décroché des chantiers tout à fait prestigieux.
C’est ainsi que l’entreprise argentanaise s’est retrouvée à fabriquer les cathèdres, cœurs, le podium et une partie du mobilier de la cathédrale de Notre-Dame-de-Paris. « On a aussi rénové beaucoup d’appartements de prêtre. »
Au milieu des années 2000, « on est parti sur un chantier à 27 000 € à Notre-Dame ; ça s’est terminé sur 145 000 € », relate Thierry James. Et depuis, le nom des Argentanais circule chez les architectes qui se consacrent aux édifices religieux.
Avec son chêne breton ou normand, l’entreprise a ainsi refait le mobilier des cathédrales de Soissons, Meaux, Tours ou Nantes. « On ne fait que des cathédrales », sourit le directeur.
Au fil des années, les employés de Chalufour ont été témoins de l’évolution des messes. « On reçoit des consignes. Il faut que le célébrant soit de plus en plus bas », par rapport à son public.
Les estrades sont moins hautes et le niveau entre les gens et les prêtres s’égalisent. » Un point précis sur lequel l’entreprise argentanaise touche sa bille et qui lui permet d’obtenir des contrats importants.
Une entreprise d’Argentan… qui travaille à Paris
L’aventure Chalufour a commencé dans un manoir de Carrouges. Le fondateur, Marc Chalufour y avait installé son atelier en 1980.
À force de s’agrandir et l’effectif grandissant, l’entreprise a dû déménager. « Depuis notre création, notre marché est à Paris », rappelle Thierry James, l’actuel directeur. Pourquoi alors rester dans le pays d’Argentan, si loin des clients et des chantiers ?
Attachés à ce secteur, les collaborateurs n’ont pas souhaité partir. « 80 % de mon équipe vient de la formation menuiserie du lycée de Giel. Si on déménage, je les perds », pense le dirigeant.
« Les parisiens aiment bien les provinciaux »
« C’est vrai que ça nous complique un peu l’existence. On fait tout d’ici. Mais, il faut savoir que les Parisiens aiment bien les provinciaux », assure-t-il, confiant.
« Lorsqu’on a déménagé en 2006, on a fait une dizaine de visites. À Argentan, il y avait de la place. » Finalement, il jette son dévolu dans un bâtiment 10 fois plus grand que le manoir d’origine de Carrouges que lui a présenté Laurent Beauvais, le président d’Argentan Intercom. Bâtiment partagé avec la menuiserie Etandin « ce qui permet de mutualiser des dépenses et faire des économies d’échelle. »
Étant Ornais, Thierry James ne regrette pas ce choix. Mais se pose parfois des questions, surtout quand il voit « les impôts fonciers augmenter de 1 000 € chaque année ».
« De toute façon, je n’ai pas envie de bouger d’Argentan. On s’est organisé pour », conclut-il sobrement.
D’autant plus que les voisins immédiats de Chalufour, dans la zone industrielle de l’Industrie, sont des entreprises partenaires. Ce qui permet à l’établissement d’envoyer des produits finis depuis Argentan qui n’attendent plus qu’à être posés. Raison de plus pour rester dans la ville du nord de l’Orne.
Les brasseries aussi
Depuis 37 ans, Chalufour est toujours bien implantée, malgré « des années difficiles. C’est une fierté d’avoir tenu jusqu’à présent », pense le directeur. Car la rénovation spirituelle ne suffit pas toujours pour nourrir l’entreprise argentanaise.
Par le jeu des rencontres, Thierry James va de nouveau en faire une déterminante. Cette fois-ci avec la diaspora aveyronnaise qui détient, d’après lui, « 80 % des brasseries parisiennes » sur les 6 000 que compte la capitale.
En l’espace de quelques années, Chalufour a retapé une trentaine de cafés parisiens. Dont La Mère Catherine, une institution de Montmartre.
Un marché insolite grâce auquel l’entreprise argentanaise gagne en visibilité.
Pour la petite histoire, c’est également Chalufour qui s’occupe de réaliser le design des restaurants de la chaîne Léon de Bruxelles. La prochaine fois que vous irez déjeuner dans cette franchise, vous allez sans doute toucher du bois normand.
Un client content en déclenche un autre ! », cite-t-il.
Avec des chantiers dans toute la France, l’établissement est l’un des meilleurs ambassadeurs d’Argentan.