
Des centaines de personnes étaient réunies ce matin à Seclin (Nord), peu avant 7h. « La faute à Macron », lançait ce manifestant, avant le départ du cortège pour Lille (Nord).
Toute la journée du samedi 17 novembre 2018 se sont mobilisés des citoyens dans la rue, pour l’opération des « gilets jaunes ». A Lille (Nord) comme partout en France, ils étaient sur le pont dès le matin. Qui sont les personnes qui sont descendues dans la rue aujourd’hui ? Rencontres.
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Tous les âges et profils
Des hommes, des femmes, des jeunes, des actifs, des retraités, des motards, des routiers, des automobilistes… Tous étaient présents pour dire leur mécontentement concernant les mesures du gouvernement, ce samedi.
Dès 6h45, plusieurs dizaines de personnes étaient présentes au rendez-vous donné par Robert sur le parking Leclerc de Seclin (Nord). Prêts à suivre le cortège de l’opération escargot prévue sur le périphérique, ils arboraient fièrement leur gilet, et parfois le drapeau français.
Plus tard dans la journée, c’est à Wattrelos (11h), Villeneuve d’Ascq (à 13h) et Lille (14h, place de la République) et dans d’autres villes de la métropole que les manifestants se sont réunis.
Alcina et Richard, retraités de 62 ans, comptent tous les mois

Alcina, retraitée, est venue avec son mari tôt le matin du samedi 17 novembre 2018 à Seclin (Nord). Elle a salué le cortège avec son drapeau, lors du départ vers Lille (Nord). (©Amandine Vachez/Lille Actu)
Alcina a vu l’événement sur Facebook il y a quelques jours. « J’ai dit à mon mari qu’il fallait qu’on soit présent. Il faut montrer qu’on n’est pas contents ! », lançait la retraitée de 62 ans, qui habite à Seclin et était présente au rassemblement de 7h.
C’est du racket, je n’en peux plus ! Il y a l’essence, mais aussi le contrôle technique, que j’ai repassé cette année et qui m’a coûté très cher !
« Sans compter la CSG », lance son mari, soutenu par les amis venus les accompagner.
Et Alcina d’ajouter, la rage au cœur :
On touche des petites retraites. Moi, je touche 1 000 euros, ce n’est rien ! Et on paie, on paie toujours plus. Il y a un moment où on n’y arrive plus. Si seulement on savait où cet argent part vraiment, mais ce n’est même pas le cas ! Qu’ils paient, eux, au gouvernement ! Nous, on n’a pas assez d’argent !

Richard, 62 ans, retraité aussi, est venu aux côtés de trois de ses amis à 7h ce samedi matin à Seclin (Nord), pour dire son mécontentement. (©Amandine Vachez/Lille Actu)
Richard, aussi retraité, ne se voyait pas rester chez lui ce samedi :
Je participe à cette manifestation parce qu’il faut le faire, il faut être solidaire !
Christian, 59 ans, en a ras-le-bol des changements

Christian (à gauche), 58 ans, qui ne trouve plus de travail depuis son opération il y a deux ans, dénonce le côté changeant du gouvernement. (©Amandine Vachez/Lille Actu)
Christian est carreleur. Opéré il y a deux ans, il a perdu son emploi et cherche depuis, en vain. Ce matin, il était aux côtés de plusieurs de ses amis à Seclin.
Il pointe du doigts les changements récurrents :
On m’a dit qu’il fallait acheter une essence, j’ai acheté une essence. Et maintenant, l’essence continue d’augmenter. On nous dit, le gasoil, c’est pas bon […]. Il y a un problème ! On nous prend vraiment pour des vaches à lait !
Et le Nordiste qui soufflera bientôt ses 60 bougies de souligner :
C’est la première fois que je manifeste ! J’ai 60 ans, jamais manifesté, et pourtant j’étais dans le bâtiment, et on aurait pu manifester !
Eric, 58 ans, veut « vivre, et non survivre »

Eric, 58 ans, estime qu’il est temps d’agir, en tant que citoyen. (©Amandine Vachez/Lille Actu)
Eric non plus n’est jamais descendu dans la rue. Il déplore que le président Emmanuel Macron « a bien caché son jeu, qu’il ne veut pas dire la vérité en face ».
Que des taxes, encore des taxes, des taxes. On en a marre, et on veut que ça change !
Il rappelle les raisons qui poussent les gilets jaunes à être ce jour dans la rue :
On veut vraiment avoir une baisse significative du gasoil et de l’essence, de façon à ce que les gens puissent vivre, et non survivre.
David, 43 ans, n’en voit plus le bout

David, 43 ans, en a « ras-le-bol » de « toujours devoir payer ». (©Amandine Vachez/Lille Actu)
Il y a 15 ans, on nous a vendu du diesel et encore du diesel, et au final, on nous dit aujourd’hui, c’est pas bon … Il doit y avoir un problème avec les ingénieurs … », peste-t-il.
Monique, 58 ans, manifeste « pour les nouvelles générations »

Monique, 58 ans, a manifesté à Lille (Nord) pour ses petits-enfants, et les nouvelles générations. (©Amandine Vachez/Lille Actu)
Monique chantait à tue-tête avant même le départ de la Place de la République, prévu à Lille, à 14h30.
Relançant sans cesse les chansons et parlant à bon nombre de manifestants, elle n’était pas facile à approcher.
A la fin de la manifestation, elle nous a confié être venue « pour [s]es petits-enfants, et les nouvelles générations. »
On nous taxe toujours, de plus en plus. Il y en a ras-le-bol, il faut faire quelque chose ! », martèle-t-elle, avant de repartir rejoindre le cortège.
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Livie, 62 ans, une belge venue soutenir les français

Livie, 62 ans, est venue à Lille (Nord) manifester son soutien aux Français, le samedi 17 novembre 2018. (©Amandine Vachez/Lille Actu)
Livie est belge. Elle était pourtant dans le cortège de Lille ce samedi après-midi, avec son mari et leurs deux petits chiens, pour manifester aux côtés des français.
Tenant sa pancarte « les belges solidaires » fièrement, elle est venue montrer son soutien :
Nous nous sentons solidaires avec les Français, nous confiait-elle, rue Nationale. En fait les belges sont dans le même bateau ! […] Et nous venons souvent en France.
Elle souligne les problèmes d’argent des jeunes et ménages modestes, qui « n’arrivent pas à en voir le bout, au quotidien ».
Catherine ne s’en « sors plus financièrement »

Catherine était dans la tête du cortège de Lille (Nord), l’après-midi du samedi 17 novembre 2018. (©Amandine Vachez/Lille Actu)
En tête du cortège de Lille se trouvait Catherine. Brandissant une pancarte sur laquelle il était inscrit « c’est la goutte d’eau qui fait déborder la citerne », cette auxiliaire de vie nous confiait :
Je ne m’en sors plus ! J’ai dû faire un crédit à la consommation. Je suis auxiliaire de vie. Je suis tout le temps en déplacement, je n’y arrive plus.
Elle souligne qu’elle est venue pour elle, mais aussi pour les autres citoyens et les générations à venir.
Péages, retraites, prix des courses quotidiennes et autres problèmes d’augmentations constantes qui s’attaquent directement aux porte-feuilles des citoyens sont les éléments qui ressortent des témoignages de ceux qui ont participé à cette action nationale.
La question qui reste en suspens à la fin de cette journée de mobilisation : les voix d’Alcina, Richard, Christian, Eric, David, Monique, Livie, Catherine et des milliers d’autres français allés manifester ce samedi 17 novembre seront-elles entendues ?
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