
Aujourd’hui, l’entreprise repose sur le savoir-faire de 6 salariés, 2 apprentis et 1 gérant.
« En 1985, quand je me suis installé, il y avait encore douze charcutiers à Évreux. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que deux. »
Le constat est signé Patrick Bournisien qui vient de baisser le rideau. Après des années à mitonner coqs au vin, bœufs bourguignons, choucroutes garnies, pot-au-feu, paellas, noix de veau aux morilles pour ses fidèles clients de Navarre et des environs, séduits par la charcuterie et les spécialités maison.
« Hormis le sec, nous fabriquons 95 % de nos produits tout en nous approvisionnant auprès des éleveurs locaux. Par exemple, l’agneau vient de Parville et le porc des Essarts où il est élevé sur lin » confirme son gendre, Sébastien Roussel qui, à 41 ans, va reprendre les rênes de l’entreprise familiale.
Du temps des Usines !
La saga débute alors que les usines de Navarre tournent à plein régime.
« À l’époque, les ouvriers des Usines de Navarre nous permettaient de réaliser 20 % de notre chiffre d’affaires. On peut dire que l’activité traiteur nous a sauvés »
convient M. Bournisien qui a appréhendé le métier à l’âge de 14 ans. À Illiers-Combray, en Eure-et-Loir.
« J’ai fait un peu de restauration, à Palaiseau, avant de travailler pour deux patrons différents, à Louviers. Puis je me suis lancé, accompagné d’un ouvrier et de mon épouse, Odile, qui a quitté son métier chez France Télécom pour m’aider à Navarre »
La réussite aidant, le couple va inaugurer son laboratoire de production, rue Jacquard, sur la zone industrielle de La Madeleine. « En bas, nous souffrions de l’étroitesse des lieux. Et le laboratoire était un peu vétuste. J’espère, simplement, que la clientèle va continuer à nous suivre. »
Semaine de 70 heures
Il appartient donc à Sébastien le soin de relever le défi, toutes les activités étant désormais regroupées à La Madeleine. Mais l’homme est courageux, et ne ménage pas sa peine. Tout comme son beau-père qui pouvait signer des semaines à 70 heures !
« Le métier est en souffrance, il faut se battre tous les jours et ne pas hésiter à innover. Par exemple, nous préparons de plus en plus de cocktails et de plateaux-repas pour les entreprises » détaille « l’héritier » qui, depuis 18 ans, apporte sa touche à l’œuvre collective.
Pas d’option bio !
« Bien sûr, nous allons perpétuer la tradition en continuant à éplucher, à la main, les carottes, les pommes de terre, les gousses d’ail, et en préparant toujours les fonds de sauce » poursuit Sébastien Roussel.
Par contre, il n’optera pas pour les produits bios. « C’est devenu un gros business. Et si les produits viennent de Pologne ou du Pérou, ce n’est pas la peine » insiste le nouvel homme fort de l’entreprise.
Mais il sait qu’il pourra toujours compter sur l’expérience de son beau-père, qui va encore garder un pied dans la société. « Je serai toujours là en soutien, pour qu’il n’ait pas à souffrir. »
Ensuite, il sera temps de goûter une retraite bien méritée, « car j’étais tellement passionné par mon métier que je n’ai pas vu mes enfants grandir ! »…
Pratique: Bournisien, 997 rue Jacquard, 27000 Évreux. Ouvert du mercredi au samedi : de 8h15 à 13h et de 15h30 à 19h30. Le dimanche : de 8h30 à 12h30. Téléphone : 02.32.33.31.18 Email : sarl.bournisien@gmail.com