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Morbihan : handicapée, elle vit avec 860 € par mois

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« Cette maison, c’est la seule chose que je pourrais laisser à mes enfants », confie Magali Nicolas, devant son fils Antoine.

« Cette maison, c’est la seule chose que je pourrais laisser à mes enfants », confie Magali Nicolas, devant son fils Antoine. (©Pontivy Journal)

À 44 ans, Magali Nicolas risque la crise cardiaque à tout instant. Être handicapée, un parcours du combattant pour cette habitante de Silfiac, petite commune de 434 habitants à 20 km de Pontivy (Morbihan). Elle vit et a élevé ses enfants avec 860 € par mois. Elle témoigne de son ras-le-bol et de sa colère.

« Quand on est malade, on n’a plus le droit à rien »

En deux ans et demi, elle a subi 23 opérations. Depuis le début de l’année 2019, Magali Nicolas a une partie de la jambe gauche dans le plâtre. « C’est le tendon d’Achille, glisse-t-elle. À cause de mon gros traitement pour le cœur, on ne peut pas m’opérer ». Repos forcé dans un fauteuil, entre les quatre murs de sa maison, dans la campagne de Silfiac, en Centre-Bretagne.

Magali Nicolas, 44 ans, touche 860 € par mois, le montant de son allocation adulte handicapé (AAH).

Tous les jours, je risque de faire une crise cardiaque. Je souffre du cancer que j’ai eu… Je ne suis pas à 80 % d’invalidité, je ne sais pas ce qui leur faut… 

Magali Nicolas en a ras-le-bol, elle est en colère contre « les aberrations du système, de la société. Il y a trop de choses qui ne collent pas ».

Quand on est malade, on n’a plus le droit à rien, que nos yeux pour pleurer. Je n’ai pas choisi d’être malade, j’aurais préféré être bien portante.

Justifier sans cesse son état

En 2010, Magali Nicolas fait deux crises cardiaques : elle a 35 ans. Elle restera dix jours en service de réanimation à l’hôpital de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Mère de trois enfants, elle est dans l’obligation d’arrêter son travail d’aide à domicile.

Être handicapée, « c’est un combat de tous les jours. On me fait refaire les dossiers sans arrêt, c’est usant ». Elle doit justifier de son état auprès de divers organismes, un parcours semé d’embûches…

« On m’a reproché de ne pas avoir assez travaillé pour être mieux aidée. À l’époque, j’avais dû m’occuper de ma dernière fille, cardiaque elle aussi ; j’aurais dû prendre une personne extérieure pour s’occuper d’elle, tout aurait été plus simple. Mais je ne le savais pas. »

Elle souhaite déclencher ses assurances-vie et en récupérer le capital, en fournissant son dossier médical : « une case n’a pas été cochée, et je n’ai pas pu les décoincer, ça reste un capital décès ».

Ce n’est pas quand je serais au boulevard des allongés que ça va être utile… On est bon que pour payer, par contre, eux, ils n’oublient pas leur prélèvement sur le compte.

Pas d’auxiliaire de vie, pas de téléalarme

À 44 ans, elle en a marre de « se bouffer la tête avec ces conneries, il y a des fois où je lâcherais bien ». Magali Nicolas a dressé une liste de ce qu’on lui refuse. Comme les 20 heures d’auxiliaire de vie à domicile, « la demande est faite, j’attends une réponse, l’assistante sociale est passée il y a quelques jours ».

Cardiaque à haut risque, elle n’est pas aidée pour avoir une téléalarme chez elle : « ce n’est pas pris en charge, c’est de ma poche, alors que je pourrais faire une crise cardiaque dans mon lit ».

En tant que bénéficiaire de l’AAH, elle peut prétendre à la réduction sociale téléphonique, pour réduire le montant de son abonnement de ligne fixe. Magali Nicolas en a fait la demande, elle a été refusée « parce que j’ai aussi une ligne internet. Il faut une ligne téléphonique normale, sans internet ; alors que toute la société fonctionne avec les mails».

Une petite aide, c’est une bouffée d’oxygène quand vous vivez avec 860 €, c’est sous le seuil de pauvreté. C’est un combat permanent, même pour avoir un kiné : il m’a demandé de me déplacer au cabinet, alors que je ne peux pas… 

Elle veut garder sa maison

Magali Nicolas baisse la tête, regarde sa longue liste : elle ne peut pas prétendre à la CMU (couverture médicale universelle) ; sa mutuelle complémentaire va augmenter de 60 € par mois quand sa fille de 17 ans, apprentie, reviendra chez elle, « 163 € à nous deux par mois, il faut que je tienne bon ».

Propriétaire, Magali Nicolas se pensait à l’abri dans sa maison à Silfiac. « On y a passé des week-ends à la rénover » souffle-t-elle. Son regard se balade de la cuisine au salon.

À partir de juillet, je n’aurais plus d’allocation logement. Il faut que je parte d’ici, pour aller dans un appartement en location. Là, j’aurais à nouveau une aide pour le logement. Je ne vois pas où est la logique…

Elle est séparée de son mari, ce dernier détient 5 % de la maison : elle souhaite lui racheter ses parts. « Les banques ne veulent pas que je rachète ce foutu prêt, à cause de mon reste à vivre », explique-t-elle, en indiquant s’être rapprochée du Centre d’accès au droit du Morbihan de Pontivy.

Cette maison, c’est la seule chose que je pourrais laisser à mes enfants.

Sa fille aînée l’aide aussi, en mettant en ligne une cagnotte sur Leetchi : Bats-toi encore et encore : « c’est plus pour faire bouger les personnes, plus haut. Quand je parle de ma situation, les gens sont choqués. Donc, si en parler peut aider d’autres personnes… »


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