
Jacques Myard, gaulliste convaincu, dans son bureau à l’hôtel de ville de Maisons-Laffitte (Yvelines), présente son dernier ouvrage. (©78 actu)
C’est déjà le dixième livre pour Jacques Myard (LR), un auteur pour le moins prolixe. Dans son avant-dernier ouvrage, Marabout à l’Élysée, le maire de Maisons-Laffitte et ancien député de la 5e circonscription des Yvelines de 1993 à 2017, proposait de « sortir de la Macromania », en tirant à boulets rouges sur le président de la République.
Avec Construire l’Europe des réalités on retrouve Jacques Myard sur un autre terrain, certes, mais le constat est tout aussi féroce. Il s’agit d’« une analyse critique de l’Europe confrontée au décalage croissant entre les élites et les peuples, entre le mythe et le réel », résume la quatrième de couverture. Un ouvrage d’une actualité brûlante, avec la perspective des élections européennes, l’équivalent des législatives au niveau européen, qui se tiendront le 26 mai en France.
Pour l’élu, qui avait promis de s’investir dans cette élection, « tout le drame de l’Europe provient d’une analyse qui a été faite à l’époque des blocs (bloc soviétique d’un côté, bloc américain de l’autre). Or, le monde ne fonctionne plus comme ça. Les blocs sont tombés. »
Victime d’une crise protéiforme (Brexit, crise de la gouvernance, tensions autour du nucléaire, de l’environnement, crise migratoire), Jacques Myard a passé son été à répertorier les maux qui rongent le Vieux Continent.
« Il existe un risque d’implosion »
Des Pères fondateurs à l’UE au Brexit, l’Europe telle que nous la connaissons aujourd’hui est la somme d’une accumulation d’erreurs depuis le traité Maastricht en 92.
Les fameuses quatre libertés (libre circulation des biens, capitaux, services et personnes), ont amené pas mal de difficultés. J’ai voulu montrer comment reprendre la main sur les technocrates. Ce que je veux, c’est que le gouvernement français garde la maîtrise de ses décisions. J’ai fait ce petit ouvrage car on doit aujourd’hui lancer la refonte de l’Europe, autrement il existe un vrai risque d’implosion. »
Les technocrates de Bruxelles et les « eurobéats » sont battus en brèche tout au long de l’ouvrage.
« Nous n’avons pas besoin d’intégrisme européen »
On se souvient de la fameuse phrase du Général de Gaulle, l’un des modèles de l’homme politique yvelinois, qui, interrogé sur de la solidarité en matière de défense européenne, répondait : « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l’Europe ! l’Europe ! l’Europe !… Mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien. » Jacques Myard ne croit pas non plus en une armée européenne.
Nous devons avoir de la coopération européenne mais nous n’avons pas besoin d’intégrisme européen », résume Jacques Myard, qui rejette le clivage des progressistes versus populistes. « C’est une faute politique monumentale de dire qu’il y a les populistes d’un côté, la « lèpre », et de l’autre les progressistes. »
Cet opuscule s’accompagne de Guerre et paix au proche et Moyen-Orient, dans lequel le lecteur pourra retrouver le compte rendu complet d’un colloque organisé à l’automne dernier à Maisons-Laffitte sur le sujet. Une autre des autres marottes de l’élu.
Construire l’Europe des réalités, suivi de Guerre et paix au proche et Moyen-Orient, Jacques Myard. chez l’Harmattan. 116 p, 14 €.