
Fabrice faisait partie des Gilets jaunes présents à Paris ce samedi 1er décembre. (©DP)
Fabrice a 32 ans, travaille dans une grande entreprise, et entend constamment la misère grandissante de ses concitoyens. Alors, même s’il n’était pas favorable au blocage, il a décidé d’enfiler son gilet Jaune sur le rond point de Benoistville, près de Cherbourg (Manche), dès le 18 novembre.
« L’union fait la force, je crois au gros rassemblement »
Puis l’idée d’un rassemblement à Paris est lancée, Fabrice en parle, et se laisse convaincre par un ami.
L’union fait la force et je crois au gros rassemblement pour se faire entendre. Je voulais aussi avoir ma vérité, voir comment les choses évoluaient. Je ne fais pas confiance aux médias audiovisuels, je pense qu’ils peuvent maquiller la vérité pour servir le gouvernement.
Le premier voyage à Paris se fait avec quatre autres amis. Il y a des CRS, un peu de casse, mais la marche est pacifiste.
Rien à voir avec ce samedi 1er décembre !
Des gilets jaunes pris entre deux feux

Fabrice et ses amis, venus de la Manche, se sont retrouvés sur un terrain « digne d’une scène de guerre ». (©DP)
De retour à Paris samedi 1er décembre, Fabrice, en effet, décrit des scènes de guerre entre forces de police et casseurs, mais également des gilets jaunes pris entre les deux.
C’est simple, nous sommes arrivés à 10 heures, nous avons garé la voiture, et nous nous sommes tous retrouvés éparpillés par les force de l’ordre. Ils ont voulu éclaté ici ou là les groupes. Au bout de trois minutes, nous avions déjà pris trois tirs de flashball ! J’ai vu le menton d’un Gilet jaune salement abîmé par un tir de flashball. Il était pacifique, mais s’est retrouvé défiguré !
Et souvent, il n’y a pas moyen de fuir. Lui et plusieurs autres Gilets jaunes se retrouvent parqués dans une rue adjacente à l’Arc de Triomphe, entre les casseurs et les forces de l’ordre.
Beaucoup de casseurs se cachaient derrière les Gilets jaunes pour en découdre avec la police, au détriment de l’action souhaitée et de l’esprit pacifiste qui règne dans le mouvement. Nous avons quand même rencontrés des Bretons et d’autres Normands.
« Je suis dégoûté, cela décrédibilise le mouvement »
Lui n’a pas tiré un pavé, mais il en a vu voler.
Le gouvernement et les forces de police tendent la situation, et la moindre étincelle, le moindre coups d’un côté ou de l’autre, fait tout exploser. Je suis dégoûté, je ne suis pas venu pour casser, et cela décrédibilise le mouvement. On raconte que certains CRS se sont déguisés en casseur pour que ça dérape… Selon moi, le gouvernement est responsable de ce qui s’est passé.
« Je ne lâcherai pas »
Mais Fabrice ne baisse pas pour autant les bras.
Je ne sais pas si je retournerai à Paris, pourquoi ne pas aller à Caen, et s’unir là encore pour tenter de se faire entendre. Une chose est sûre, je ne lâcherai pas !
Bilan de la manifestation parisienne du samedi 1er décembre :
412 interpellations
378 personnes placées en garde à vue
133 blessés (dont 23 membres des forces de l’ordre)